[Languedoc-Roussillon] Déca vs Bachtel

ez a écrit:Brodéon se maintint sur les accoudoirs de son fauteuil. Le vaisseau avait eu une petite secousse, comme un frémissement venu des moteurs. A leur vitesse, même un rien devenait dangereux. Il lança un regard torve vers Tara, qui agita la tête d'un air de comprendre. Elle jeta ses cheveux en arrière et descendit le petit escalier avant d'ouvrir le sas. Le cockpit amenait directement à une salle multi-fonctions qui servait à la fois de dortoir, où les couchettes étaient organisées en alvéole dans le mur même, ainsi que d'armurerie, au cas où le vaisseau se ferait aborder et qu'il faille aller au corps à corps. Tara trottina jusqu'à la prochaine porte et elle prit soin d'emporter au passage un analyseur et un flingue. Arrivée dehors, elle se grilla une clope et regarda les containers qui se dressaient devant elle. Toute une plate-forme encerclait ceux-ci et elle était percée en quatre points pour permettre d'accéder aux plate-formes inférieures et à force d’ascendeurs jusqu'à la salle des machines. Elle grommela et réclama un ascenseur à l'intelligence artificielle du vaisseau, Ooly. Celle-ci lui répondit qu'elle ne parvenait pas à analyser la cause du petit désagrément et qu'il allait falloir vérifier manuellement. Elle n'avait donc pas pris pour rien l'analyseur et vu le poids de l'objet, tant mieux. Elle referma ses lèvres sur sa clope et dans une grimace souleva des deux mains ledit analyseur. Quand elle arriva enfin à la salle des machines quelques minutes plus tard, elle était toute en sueur. Elle activa sa machine au milieu de la salle et se mit à tousser. En jurant, elle écrasa sa clope, espérant assez naïvement que ce seul geste suffirait à calmer son corps mais ses poumons semblaient se déchirer de l'intérieur et bientôt sa gorge la brûla. Quand elle se rendit compte que ce ne pouvait pas être son tabagisme la cause de toute cela, elle ouvrit des yeux paniqués et courut sur au distributeur qui lui colla violemment un masque au bec. Sur quoi, elle respira très fort pour que les nano-robots aillent immédiatement soigner ses plaies. Un gaz apaisant la calma également. Ses yeux pétillaient de colère, elle aurait dû savoir ce qui l'attendait ou du moins prévoir le coup. Elle revint vers l'analyseur en maintenant fermement le masque contre sa bouche et elle se rendit compte que l'écran de celui-ci clignotait, rougeoyant. Une fuite de gaz. Au moment même où elle s'en rendit compte, une grande onde parut traverser le bâtiment et nous étions à deux doigts de nous disloquer pour finalement nous désagréger dans l'espace quand Brodéon activa la procédure d'urgence et que l'ensemble reprit une consistance. Mais le danger n'était pas écartée car la fuite grandissait à vue d'oeil sur l'implant sensorielle de la machine.

Rendu de Bachtel a écrit:Je dérivais. Rien ne pouvait m'arrêter, le monde tournait et s'étendait devant mes yeux. L'univers, les trous noirs, les planètes, les étoiles. Je pouvais apercevoir Mercure, Jupiter, et même la terre, léger point bleu au fond ce grand rien qu'est l'univers. Je venais de là-bas, cela semblait si près et si loin à la fois. Mes bras se tendirent vers elle, cherchant à l'envelopper, la bercer, la retrouver et me blottir au creux de ses bras. Hélas, ce n'était qu'un geste de désespoir, je continuais de dériver, n'ayant aucun effet sur ma trajectoire. Un astéroïde frôla ma tempe, m'arrachant des bouts de peau sur la cuisse. Je hurlais de douleur, un hurlement bestial. Toute ma folie et mon désespoir étaient dans ce hurlement, toute cette frustration. Je n'avais plus le contrôle de moi-même. Mes implants ne me faisaient plus aucun effet. Plus de béatitude, plus de tranquillité, rien que de la solitude et une colère illimitée. Je n'étais pas assez préparé, c'était leur faute, ces enfoirés d'astronautes à la con qui m'avaient envoyé ici sans même un stage de préparation, sans briefing. Pourquoi n'avait-ils donc aucun respect pour moi ? N'étais-je pour eux qu'une machine. Leur bêtise me dépassait parfois. Et me voici dans cette situation à cause d'eux, blessé par des astéroïdes, n'ayant aucune idée de ce qu'il se passait derrière moi. Aucune possibilité de bouger, le combinaison qu'ils m'avaient enfilée restreignant tous mes mouvements. Je risquais un torticolis à cause de leur connerie. En plus j'ai froid. J'ai froid et j'ai envie de causer. D'ailleurs c'est peut-être pour ça que je vous parle, dans ma solitude vers la mort j'ai envie de m'épancher, peut-être pour la première fois de ma vie. Je n'ai pas de femme, pas d'enfants. Personne ne me regrettera, surtout pas ces astronautes à la con... Je fulmine encore, ils me mettent hors de moi. Pourquoi toute cette combinaison si c'est pour avoir aussi froid hein ? Je vous le demande moi. Je m'interromps un instant, encore des astéroïdes mais cette fois-ci on dirait bien qu'il y en a plus. Je ne peux même pas regarder, peut-être que dans trente secondes je serai mort, la nuque brisée par un astéroïde. J'essaye de faire des calculs savants, mais j'ai trop dérivé je ne peux vraiment pas savoir où je suis. Et pas moyen de fouiller dans ces saletés de poche avec cette combinaison de merde. Si jpouvais avoir ma carte ça serait peut-être plus rassurant. Je la sens collée contre ma cuisse, congestionnée par l'étroitesse de la poche. Elle aussi elle doit être en train de maudire ces cons qui l'ont mise ici je pense. En tout cas elle aurait bien raison. Et mes chaussettes vous croyez qu'elles gueulent ?
Bref, je me perds dans des considérations malvenues. Franchement j'ai la frousse, je vois de plus en plus d'astéroïdes passer à côté de moi. Et encore je vous parle même pas des petits qui me percutent depuis tout à l'heure. J'ai enfin trouvé une utilité à cette combinaison, j'aurais sans doute eu beaucoup plus mal si je ne l'avais pas eue. Faut croire que tout peut arriver, même que ces cons aient raison. J'aurais jamais cru dire ça de toute ma vie. Les astéroïdes fusent de plus en plus rapidement à côté de moi. Toujours des petits, mais ça veut dire qu'on se rapproche des gros. J'ai grave les boules, jvais bientôt me pisser dessus je pense. J'essaye de bouger dans tous les sens pour modifier ma trajectoire, m'éloigner de ce champ d'astéroïdes, rien n'y fait. Tout ce que je gagne c'est juste me prendre encore plus de petits dans la gueule. Et franchement ça commence à faire vraiment mal. Surtout ceux dans le bas des reins, je les aime pas du tout ceux-là. J'essaye d'appuyer sur tous les boutons de ma combinaison, mais rien ne marche, je sais même pas pourquoi tout s'est arrêté, tout ce que je sais c'est que je vais mourir. Je suis entré dans la zone de calme après les petits, jvais me taper les énormes maintenant. C'est la mort assurée. Au fait je vous l'ai pas dit, mais mon prénom c'est Spoutnik.