[Normandie] Bachtel vs Déca

Rendu de Déca a écrit:Alphonse ne se souvenait déjà plus. La douleur s'était dissipée. Il ne ressentait plus qu'un grand vide, parcouru de décharges régulières mais insignifiantes. Le monde s'allongeait sous la poupe de son vaisseau. Il observait simultanément l'espace aérien, au travers des implants sensoriels, et ce qui l'entourait lui, par sa propre vision. Des dizaines de tuyaux ensevelissaient son trône, perçaient sa peau et mordaient ses nerfs et c'était autant de flux d'informations qui fondaient continuellement sur lui. Le choc avait été bref mais violent. Il lui avait semblé perdre quelque chose. Seulement, la mission restait prioritaire, il ne pouvait se disperser dans ce genre de détails. L'univers se ploya soudainement autour de lui tandis qu'il accélérait. Une fois à toute allure, les astres s'enroulèrent en des rayons ardents, se joignant au loin dans un point lumineux ; un enfer promis. Soudainement, l'ordinateur engagea la procédure d'urgence. Le bâtiment de guerre se désagrégeait. C'était incompréhensible. Le cockpit se détacha et jaillit dans une trombe d'énergie. La panique saisit quelques instants Alphonse, ses bras s'agitèrent, l'adrénaline lui parcourut les sangs, il tira sur les tuyaux qui semblèrent déchirer ses chairs avant qu'il ne se reprenne, aussi subit que sa peur, oubliant déjà. Les nouveaux paramètres s'imposèrent à lui. Les rames stellaires furent déployés de chaque côté du vaisseau amoindri. La grande voile solaire également. Alphonse actionna le rythme, craché furieusement de gigantesques basses sur les rameurs. Ceux-ci se mirent en action, mettant en mouvement leurs longs réseaux de muscles, gonflant leur poitrine et soufflant en choeur. C'était des vénuzyens, de la racaille tout juste matée. Alphonse les considéra un instant.

Rendu de Bachtel a écrit:Archibald, jeune homme de 18ans, sortait tranquillement de son lycée en ce bel après-midi de mai. Le soleil caressa sa peau et lui fit l'effet d'une résurrection. Il haïssait véritablement ces journées passées le cul vissé sur une chaise, pendant que la lumière venant des fenetres leur promettait monts et merveilles. Un groupe de petits secondes passa à côté lui, il les entendit glousser, se moquant de son air béat. Son esprit évacua bien vite ces parasites, se concentrant sur les bonnes sensations procurés par ce soleil d'été. Il entendit une voix l'appeler derrière lui, insistant sur son prénom... « Archi, Archi ! ». Il détestait ce surnom plus que tout au monde mais ne l'avait avoué à personne, souhaitant paraître cool et ainsi avoir plus d'amis à son entrée au lycée. Même aujourd'hui, à 1 mois de la fin du lycée, il n'avait pas corrigé ses amis. Greg et Jerome se dirigèrent vers lui.
-Putain t'y crois à ce temps Archi ? L'occasion rêvée d'aller se vider la tête hein ? Greg appuya sa remarque d'un clin d'oeil qui n'échappa pas à Archi. Se vider la tête promettait des heures libérées de toute contrainte sous l'emprise de la drogue. Archi avait découvert ça bien des années auparavant, et il bénissait ces moments de quiétude au milieu de sa vie de galères. Il esquissa un sourire et répondit
-Ok, on va chez Matt ? Jdirais à mes vieux que jpars voir un conseiller d'orientation, peut-être que ça les calmera un peu avec ça !
-C 'est parti mec !
Les trois amis prirent le chemin de chez Matt, un de leurs dealers, celui qui était le plus proche du lycée. Sur le chemin ils parlèrent de tout et de rien, les meufs, le bahut, leurs parents... Archi aimait ses parents, mais ceux-ci semblaient bien plus intéressés par sa future carrière que par son bien être personnel. Abrutis à coup d'émission à la con, Archi avait l'impression qu'ils croyaient tout d'un coup avoir la science infuse à propos d'orientation. Il ne savait toujours pas de quoi son futur allait etre fait, et la constante mise sous pression de ses parents l'emmerdait au plus haut point. Inévitablement, Greg aborda le sujet.
-Mec tu crois qu'on va réussir à rentrer dans une école avec nos notes ?
-Occupe-toi déjà t'avoir ton bac...
-Pff ils le donnent maintenant, tu sais quoi jvais même y aller sans réviser jsuis sur que je l'aurais.
-Ouais peut-être... Au pire on ira défoncés, au moins si on se craque on en aura rien à foutre !
Ils éclatèrent de rire et arrivèrent chez Matt encore hilares. Il leur vendit du LSD, et les trois garçons allèrent s'installer dans le parc, laissant la drogue petit à petit s'emparer dans leur esprit. Archi voyagea tellement qu'il crut vivre un rêve éveillé. Le retour à la réalité sonna sous la forme d'un appel de sa mère. Il répondit malgré tout, encore sous l'effet de la drogue.
-Maman je t'ai déjà que j'allais chez le conseiller...
-JE T'AVAIS DIT D'ALLER CHERCHER TON FRERE ! Hurla sa mère.
-Maman calme-toi !

Rendu de Déca a écrit:Leurs peaux épaisses et élastiques lui inspira du dégoût tandis que la sueur coulait déjà, que les veines se dilatait et que les visages se tordaient. Les premiers drones commencèrent leurs patrouilles, agitant mollement leurs tentacules électrifiées dans le vide de ces longs couloirs. L'architecture intérieure du vaisseau était complètement transparente. L’œil du capitaine ne souffrait plus d'angle mort. Alphonse était replié dans sa sphère extra-cognitive et la plupart des câbles le rejoignait. Plus qu'un capitaine, il était le vaisseau. C'était ce qui faisait la supériorité technologique des Oemérophores. Les machines de l'Empire avait un esprit et rien ne leur résistait plus. La douleur surgit à nouveau. La lumière des néons sembla s'amplifier, disjonctait. Elle explosait dans ses yeux, malgré son masque. Il sentait son corps tout entier se réveiller, ses chairs reprendre vie. Pour la première fois, la machine lui parut tel un étau, une prison, dans laquelle on retenait son corps, on l'avilissait. Il voulut s'arrachait et puis, brusque retour en arrière, des informations contraires, l'oubli, toujours l'oubli. On déversa en lui des visions, des souvenirs, des principes, des images de propagande. On glorifia l'Empereur et on fit de lui, Alphonse, quarante trois ans, père de quatre enfants sur Terra Prime, le héros nécessaire à la survie de l'Empire et à son extension. Il devenait le messie, portant la voix de son maître. Son cœur fit jaillir dans chacun de ses vaisseaux, de la plus grande artère à la moindre capillaire, un feu de l'âme, le noble cri du nationalisme. Tout de bestialité, il s'excita sur ses commandes et haussa la cadence des galériens. Il prit sur lui, renifla, fronça les sourcils, grinça des dents mais décida d'accélérer toujours plus. Ce ne fut pas sans effet. Au bout d'une minute, un premier vénuzyen clamsa. A la cinquième, trois autres le suivirent. C'est alors que les drones durent se mettre en action et commencèrent à flageller les colosses bleus. Du sang noir coulèrent de leurs dos. Leurs yeux brûlaient de révolte mais leurs bouches se fermaient, soumises et leurs bras s'affairaient, contraints. Ils n'étaient pas totalement opprimés. Il fallait leur apprendre leur rang véritable, leur faire ravaler leur fierté. Il poursuivit donc la hausse et quand soudain tout ralentit, quand l'objectif jaillit devant eux, une frustration terrible s'empara de lui. Son œil rouge piqua une larme.

Rendu de bachtel a écrit:-QUAND VAS-TU ENFIN DEVENIR RESPONSABLE ?
Embrumé par la drogue, le cerveau d'Archi n'aspirait qu'au calme et à finir cette conversation au plus vite...
-Qu'est-ce qu'il y a ? Je peux aller le chercher maintenant si tu veux.
-IL A EU UN ACCIDENT EN VOULANT TRAVERSER TOUT SEUL, IL S'EST FAIT RENVERSE !
Le cerveau d'Archi mit de longues secondes à assimiler ce que sa mère venait de hurler.
-ARCHI ?? hurla-t-elle encore. ARCHI SI TU T'ES ENCORE DROGUE JE TE PREVIENS...
Sa mère avait découvert de la beuh dans une poche de son blouson 4 mois auparavant et semblait parfois scruter l'intérieur de ses yeux pour tenter d'y percevoir une quelconque trace de drogue. Ce regard scrutateur l'emmerdait vraiment, comme si il était aliéné qui avait besoin d'une cure de désintoxication. Ses parents n'y comprenaient rien, son besoin d'évasion, ses envies d'ailleurs, ils ne comprenaient pas tout ça.
-Nan maman, jsuis parti voir un conseiller, je te l'ai dit. Lâche-moi un peu avec ça, j'ai fumé un pet une fois c'est tout. La beuh était pas à moi !
-J'en ai marre de toi Archi, MARRE ! Je suis à l'hopital pour aller voir ton petit frère, et jte préviens que jvais demander aux infirmiers de te faire une analyse, et si tu t'es drogué, on t'envoie en cure de désintoxication, TU AS COMPRIS ?
-Ouais ouais, j'arrive !
Archi raccrocha, soulagé de retrouver le silence et la léthargie... L'énormité de ce qu'il risquait ne le frappa que bien plus tard, lorsqu'enfin la nouvelle perça le brouillard entourant son cerveau. C'est comme si il venait de sursauter juste avant de s'endormir... Il quitta Greg et Jerome sans un mot, les laissant à leur béatitude, les yeux dans le vide, et plongea la tête dans l'étang à côté, il avait besoin de réfléchir. Ses neurones semblaient se percuter et n'avaient pas l'air décidés à se lier pour former une idée cohérente dans son esprit. Il s'enjoint à un peu plus d'efforts et commença à réfléchir. Il était hors de question pour lui d'aller à l'hopital maintenant, les analysés allaient forcément révéler la présence de LSD dans son corps, et la cure de désintoxication n'était pas une option pour lui. Inventer un prétexte pour ne pas venir alors que son frère était à l'hopital ne marcherait jamais... Dès lors il ne restait plus qu'un seul choix : fuir. Archi prit sa décision, il allait chercher quelques affaires pendant que sa mère était partie, et s'en irait pour de bon de cette maison et de son climat malsain, la vie lui tendait les bras ! Son grand sourire indiquait à tout le monde à quel point la vie lui paraissait rose en cet instant. Tout était paré de couleurs vives, éclatantes, symbolisant la joie éprouvée avec ce poids oté de ces épaules. Malgré tout Archi se sentait quelque part un petit peu mal pour son petit frère. Il se dit qu'il allait passer lui dire au revoir avant de partir ! Sa décision prise, il s'engagea sur le chemin de la maison. Ce qu'il ne vit pas, c'était les deux hommes qui le regardait depuis maintenant plusieurs minutes... Le LSD le trompa, et il ne les vit qu'au moment où ils lui mirent les menottes aux poignets.
-Monsieur, vous en etes en état d'arrestation pour consommation de drogue.