[La Corse] Déca vs Bachtel vs riririri vs Thomas

Les accusations fusent comme les balles d’une sulfateuse. L’homme qui se tient droit au centre de la foule n’ose plus faire un geste de peur des répercutions qui pourraient s’en suivre. Il endure la force des vagues qui parcourent la populace amassée au cœur du parc. Il est étranger en ce pays, sans nul doute a-t-il dû faire une action en désaccord avec les lois de cette partie du monde. Est-ce de sa faute ? Il ne pouvait savoir. Mais la foule semble bien prête à le lapider sans autre forme de procès. L’homme est tout à fait tétanisé désormais. Il entend de l’autre côté de la masse humaine des vociférations, et les habitants entassés s’écartent pour laisser passer un homme à l’embonpoint marqué. Il transpire malgré sa chemise ouverte et son chapeau de paille. Ce n’est pas à cause de sa taille que les gens se sont écartés, mais à cause d’ l’insigne à cinq branche cousu au-dessus de son cœur et du large pistolet accroché à sa ceinture. Le commissaire toise l’étranger. Le silence dure quelques instants, puis la foule reprend ses chaotiques vindictes envers l’étranger. Agacé, le policier dégaine et tire un coup en l’air, en guise de sommation. L’effet est rapide et efficace.
- Gringo, viens avec moi. Les autres, dispersez-vous, il n’y a rien à voir.
La foule, réticente, grogne tout d’abord, mais un deuxième coup de feu les dissuade de tenter quoique ce soit de dangereux. Chacun part du côté où on l’attend, non sans jeter un regard plein de haine à l’objet de leur opprobre. Le commissaire entraîne l’étranger par le bras à travers un dédale de ruelles sombres, à travers les immeubles faits de brique. Le commissariat est incrusté entre les habitations. Le fonctionnaire fait entrer l’étranger dans ses locaux rafraîchis par un unique ventilateur archaïque. L’établissement dispose en revanche d’une cour intérieure où quelques arbres et une fontaine au faible débit assure tout de même un semblant de fraîcheur. L’étranger est amené dans un bureau étroit. Le commissaire, sortant une feuille et un crayon, comment l’interrogatoire.
- Gringo, ton nom.
- …
- Ton nom.
- …
- Très bien, tu ne parles pas la langue.
Le commissaire accompagne sa remarque d’un ton las, il a l’habitude. Le commissariat fait aussi office de bureau des immigrés. Des comme lui, il en défile par centaine tout au long de l’année. Le policier sort une carte du monde et explique par geste où ils se trouvent. L’étranger comprend le but de la manœuvre et indique sur la carte d’où il vient.
- Ah. Je comprends. Je ferai le nécessaire.

Rendu de Déca a écrit:Ses yeux brûlaient et son corps flanchait. Il recevait en plein visage le soufflet d'un peuple tout entier. La foule grouillait autour de lui, comme un ogre aux multiples visages, gueulant comme mille diables. Il savait que sa vie touchait à sa fin. L’Histoire demandait du sang et sa naissance l'avait mal placé. Il ne pouvait maudire personne et la blessure n'en était que plus profonde. Il avait pourtant tout fait pour s'échapper de cette détermination. Il avait fait croire à sa mort, dix ans plus tôt, et revêtit les habits d'un clochard. Alors, il s'était senti vivre, dans la misère des venelles, à tendre la main aux riches gens, à voler aux commerçants, à taper sur ses nouveaux compagnons pour qu'ils lâchent une rasade de leur piquette. Un jour, il avait même gagné un poignard et il s'était mis à tuer pour de l'argent. Ses premiers employeurs ne lui faisaient pas vraiment confiance mais il se révéla très vite excellent à ce petit jeu-là. Bien que son sang bleu ne l'y prédestinait pas, il trouva dans la pire fange, dans les tripes souterraines de B'Ryen, un destin qui l'exalta. Il fut tour à tour ménestrel, tueur ou roublard. Se relâchant de ses crampes chez les filles de joie, mordant dans la vie partout et sous ses moindres aspects. Un jour, les mains baignés de sain, il s'était réveillé sur le cadavre d'une jeune femme. Elle était belle, plus qu'il n'en avait jamais vu. La veille, il avait bu, fumé. Il ne se souvenait de rien. Il déposa un baiser sur les lèvres violacées du cadavre, goûtant à leur moiteur matinale. Il caressa le sang, se rhabilla et partit, comme si de rien n'était. C'était à ce genre de réveils qu’appartenait sa nouvelle vie, des reflets de son âme une fois qu'il la débridait. Au début, il avait eu des scrupules, de folles paniques. Quel monstre était-il devenu ? Mais l'habitude légitime tout.  Quand il se regardait dans le miroir, il caressait sa longue barbe pointue, touchait à ses cheveux plaqués en arrière, croquait dans sa chique et respirait un grand coup : la crasse lui démangeait les chairs, la sueur lui piquait le nez, la chaleur lui dévorait les yeux mais quel formidable sentiment que cette viande en souffrance, cette vie abandonnée à elle-même.

Il voyait désormais les mêmes gens avec qui il s'était mêlé pendant une dizaine. Il les voyait tels qu'ils étaient au plus profond d'eux-mêmes. Des chiens enragés qu'on dresse et qu'on affame. La meute des nobles plutôt que leurs protégés. Il savait qu'au fond de lui, il ne valait pas mieux mais au moins, il avait dépassé ce que sa naissance aurait dû lui imposer. Aujourd'hui, il était rattrapé. Le monde entier s'écroulait sur son crâne. Qui pouvait blâmer sa faiblesse ? Il était fils de roi mais pas moins homme.

 

La vindicte

Avant de commencer, je tiens à préciser que je suis absolument contre ce thème, n'ayant aucune idée de sa définition. On m'a dit "dénonciation populaire/punition", donc bon, on va faire avec.
Il est 14:21, je vous raconte ma vie, et je n'ai toujours pas réfléchi à ce que je vais mettre. Je m'y met.

On vient me chercher. Cela fait maintenant plus de six mois que j'étais dans cette pièce, puante, insupportable, inconfortable (mes nuages me manquent). On ouvre ma cage, et je sors, aussi tremblant qu'une gazelle pris dans la gueule du lion. On me traîne le long de ce long couloir, qui me rappelle combien ma vie a été une injustice. J'ai toujours fait de mon mieux, essayé d'aider les autres. Et voilà comme ils me remercient. Ils me mettent en cage, et m'envoient au devant de tous, prêt à être pendu. Qu'est ce que j'ai fait pour ça ? Oh, mais pas grand chose ! Il y a six mois exactement, j'ai vu ma femme en rentrant avec mon frère, en train de boire un café à la maison. Ils m'attendaient, qu'ils disaient. Elle ne m'a pas trompé avec, et je le sais. Mais boire un café ensemble, c'en était déjà trop ! Alors je les ai tués, tout les deux, avec les moyens que j'avais sous la main. Les voisins aussi d'ailleurs, parce qu'ils ne les avaient pas interdit de prendre un café.
Et rien que pour ça, ils m'ont mit en cage. C'est tout de même pas grand chose, quatre meurtres, il ne faut pas exagérer non plus. Donc me voilà, à la sortie de ce long couloir, en train d'avancer lentement mais ma dernière résidence. Des citoyens me jettent toutes sortes d'objets au visage. J'aperçois mon père, avec un regard glacial, me dévisageant, ainsi que ma mère à côté, les larmes aux yeux. Je crois qu'elle ne sait pas s'il faut pleurer ma future mort, pleurer celle de mon frère, ou encore, pleurer car elle ne comprend pas. Mais de toute façon, ils sont tous comme elle, ces gars-là ! De quel droit me juge-t-il ? Je les tuerais, comme ça, ils ne m'emmerderont plus. C'est comme ma femme, mon frère et mes voisins, j'ai du le tuer pour ça je crois. Je monte enfin sur mon lieu de mort prochaine. Un tabouret sous mes pieds, la corde serrée au cou. Mon père s'approche de moi. Je crois que c'est lui qui m'exécutera. Mais pourquoi ? Il m'a toujours dit qu'il était fier de moi. L'ai je déçu ? Il n'y a que lui qui n'est pas idiots, dans cette foule d'écervelé, alors pourquoi m'en veut-il ? J'ai du me tromper, c'est ça, j'ai du me tromper...
Enfin, mon père pousse le tabouret, me laissant pendu, comme ça, pour ma bêtise. Je crois. Je ne sais pas vraiment en fait. Adieu, et bisous.

Rendu de Bachtel a écrit:France, 1297, Lyon. Elisabeth attendait, assise dans sa cellule, ayant pour seule compagnie les rats et la moisissure... Au dehors elle entendait les cris de la foule réclamant son exécution à grands renforts de beuglements assourdissants. La situation était fort peu propice à la joie et pourtant Elisabeth éclata de rire toute seule dans sa cellule, faisant fuir tous les rats dans leurs trous !
-C'est ça, retournez dans vos trous, parasites ! Comme ceux qui m'attendent dehors vous ne souhaitez que vous repaître du désespoir et de la mort !
Elle éclata de rire de nouveau, sa tirade adressée aux rats lui paraissant extrêmement drôle. Et pourtant elle aurait pu sombrer dans la folie, mais Elisabeth conservait toute sa raison, même en ses heures sombres. Accusée par l'Inquisition d'être une séditieuse et une sorcière, elle attendait tranquillement ce qui devait être son « procès », en réalité une exécution pure et simple sur la place publique pour satisfaire le besoin de sang de cette foule d'abrutis. Elle détestait l'Eglise depuis son plus jeune âge, depuis que sa mère, une herboriste de renom, avait été emmenée par des prêtres pour répondre à leurs questions sur son art. Elle n'était jamais revenue. Elisabeth avait grandi au milieu des potions et de la médecine, ne se souciant que peu de l'Eglise. Elle avait fait la connaissance de nombre de gens, parmi eux des esprits libres avides de connaissance, tout comme elle ! Malheureusement, le commun des mortels n'aimait pas qu'une femme soit plus à même de les aider que leur propre corps. C'est pourquoi elle se retrouvait dans cette situation, ayant eu la mauvaise idée de soigner un homme souffrant d'impuissance.
-J'aurais du le laisser dans sa merde ce salaud ! Vu son haleine avinée quand il est venu me voir, sa femme m'en aurait sans doute été reconnaissante !
-Silence chienne ! Cria le garde derrière la porte.
Elisabeth laissa passer, gardant le venin que pouvait contenir ses paroles pour lorsque le prêtre allait commencer le procès.
Elle entendit les pas de plusieurs personnes s'approcher dans le couloir. Bien décidée à paraître digne, elle se redressa, mettant en avant sa poitrine malgré sa robe déchirée. La pudeur était bien le cadet de ses soucis en ce moment. La porte s'ouvra sur 3 prêtres accompagnés de 5 gardes.
-Quel courage serviteurs de l'église, les railla-t-elle ! Vous avez donc besoin de 5 gardes du corps pour venir emmener une faible femme ! Couilles molles !
-Silence hérétique cria un prêtre, la frappant au ventre ! Nous entendrons moins ta langue de vipère lorsque le feu te brûlera salope !
Elisabeth se plia en 2 sous la force du coup du prêtre, mais se releva, bien décidée à ne rien laisser transparaître de sa faiblesse !
-Tu frappes comme une fillette prêtre ! Est-ce que cette force t'est suffisante pour violer des petits enfants dit-moi ?
Le prêtre devint livide, ses compagnons s'agitant également sous leur robe de bure.
-Emmenez cette catin et bâillonnez-la jusqu'à ce qu'on arrive sur la place !
Les gardes lui placèrent un morceau de linge entièrement taché de suie dans la bouche. Elle n'eut d'autre choix que de les suivre.
Ils débouchèrent sur une place où la foule attendait enfin que la sorcière apparaisse. Immédiatement ils lui balancèrent divers fruits pourris et autres objets à la figure ! Elisabeth chancela lorsqu'une pierre la frappa à la tempe, mais tenta de rester forte sous la tempête qu'elle était en train de subir. Le chemin jusqu'à l'emplacement prévu pour son procès lui sembla extrêmement long. Lorsqu'enfin elle s'arrêta, hors de portée des projectiles, elle poussa un soupir de soulagement.
L'inquisiteur se leva, jetant sur elle un regard rempli d'une haine viscérale. Elisabeth laissa transparaître tout son mépris pour sa fonction ! Crachant par terre même à sa vue. Le châtiment ne se fit pas attendre, un des gardes la frappa au ventre.