Thomas [Théâtre] Les Songes de l'Equilibriste

Sous ce titre qui me trotte dans la tête depuis un bail se trouve mon projet de pièce de théâtre en poésie classique. Je pensais l’orienter tragédie ou drame à la Hugo, mais pour l’instant je n’ai pas prévu de faire mourir un des protagonistes. A voir, le projet n’en ai qu’à ses balbutiements.

L’histoire en elle-même se situe le long d’un fleuve, qui serait l’Au-delà, et que l’Equilibriste remonte sur sa barque, depuis ce que j’ai pompeusement nommé les Terres du Printemps, jusqu’à atteindre les Chutes, derrières les Terres de l’Hiver. Chaque « pays » est séparé de son voisin par une écluse, et le franchissement desdites écluses conclura chaque acte de la pièce.

La principale difficulté, outre la création d’un univers et d’une trame à la fois originale et exploitable, se situe dans la forme elle-même, à savoir de la poésie classique. J’essaye de respecter les cinq contraintes que je connais : alexandrins, césure à l’hémistiche, alternances des rimes masculines/féminines, pas de rimes à la césure, bannissement des hiatus.

Ces contraintes font que le projet est pire qu’un escargot, parce que c’est particulièrement fastidieux d’écrire de cette façon.


≈ - Toi humain, naviguant sur le temps qui s’écoule
Ne ressens donc tu pas la force de sa houle ?
Car les flots impérieux font s’écrouler les ponts
Que les hommes jamais plus ne traverseront.
Rien ne lui résiste, ni les peuples ni les monarques.

₮ - Il n’a cure des flots, le musicien embarque ;
Je suis l’Équilibriste à la perche d’argent,
Je défie sur ma barque et les vagues et le vent.

≈ - Aveugle ! Tu vogues vers les pires tempêtes
Que les hommes aient connu. Abandonne ta quête.

₮ - Je défierai les dieux plutôt que renoncer !

≈ - Mais nous avons passé le temps de l’épopée.
Je sens s’amonceler des nuages funestes :
Oui, demain, le soleil ne viendra pas de l’Est.

₮ - Prophéties d’oracle ! Je vois moi la lueur
Des étoiles briller.

C'est court. Drôle, ta " trame " me font penser à un conte de fée.

C'est un peu voulu, même si à y penser c'est effectivement vachement linéaire.

J'aime bien ton extrait, mais c'est vrai qu'en se conformant à toutes ces contraintes, tu risques de t'embourber dans la difficulté et ne jamais y arriver.

Bof, je sais pas. Si toi tu continues de perpétuellement avancer, ça me convient. Surtout qu'en poésie on retouche moins et retravaille moins qu'en roman je pense, non ?

Famine : ouais, mais j'veux devenir le nouveau Racine (cool). Mais c'est vrai que le théâtre est déjà un cran au dessus du roman, puisque toute l'intrigue tiens dans dialogues, et en plus versifiés, ouais je vais galerer.

Macchab' : pas sûr. Si je décide de rajoute un vers ici ou là, ou si je me rends compte que ce vers est faux, je peux t'assurer que c'est une galère monstre à reprendre le fil.

Evite de te faire dévorer alors.

Donc voilà, après avoir du virer la majorité des quelques alexandrins que j'ai repêché dans mes anciens poèmes suite à la découverte qu'un e est forcément muet à la césure, je m'attaque, de face et désarmé, au fameux hiatus, mi créature venue des tréfonds antique, mi règle particulièrement casse-couille de la poésie classique.

Concrètement, je n'ai pas le droit de se faire suivre deux sons voyelles? Problème, au fur et à mesure que je progresse et que je refuse des vers, j'ai des interrogations :

- d'une, dois-je compter comme des sons voyelles et donc comme de possibles futurs hiatus les sons "on", "en", "eu", etc ?

- de deux, dois-je simplement bannir les hiatus entre deux mots (style, "tu es"), ou bien à l'intérieur même des mots ? J'ai peur, comme le dit ce site, que "si l'on proscrirait le hiatus complètement et si de plus on ajoutait à l'interdiction les hiatus intrinsèques des mots, alors on en arriverait à cette catastrophe littéraire au cour de laquelle des pans entiers du dictionnaire français s'effondreraient et deviendraient inutilisables en poésie". Et en ce qui concerne une pièce qui se voudrait longue, je pense avoir besoin desdits pans.

Je lirai, avec attention, Phèdre de Racine et peut-être une pièce de Hugo dans les prochains jours pour me rendre compte de la chose.

Ah oui, effectivement, c'est un sacré défi que tu te lances. T'es certain de ne pas voir plus gros que ton ventre ? J'espère que t'auras les tripes pour faire tout ça. En tout cas, j'ai hâte de lire le résultat. Le hiatus est quelque chose de très intéressant *_*

Pourquoi tu t'ennuies avec des règles pareilles ?

parce que c'est swag



c'est quoi un hiatus ?

Macchab' : ben parce que sinon tout le monde pourrait écrire des pièces de théâtre.

bapt : un hiatus c'est la succession de deux sons voyelles, commeoasis dans un seul mot, ou bien tu es dans deux.

Ouais enfin le tout le monde je l'attends moi. /D Déjà que y en a pas beaucoup qui aiment les lire, encore moins qui aiment en écrire, tu te compliques la vie avec des règles qui corsent la chose, mais j'respecte et j'attends de voir, j'ai foi.

en même temps, une pièce de théatre à la base c'est pas fait pour être lu

Ça dépend.

Bah tu prends Lorenzaccio de Musset, la pièce était pas du tout faite pour être jouée.

ça veut dire ce que ça veut dire "pièce de théâtre" me saoulez pas, le théâtre c'est pas d'la branlette d'algue que j'sache

Bah en fait, si.

Alors tu t'en sors un peu ? Pas eu le temps du tout ?

Bah j'apporte quelques menues modifications aux alexandrins.

En fait je pense que je vais changer quelques truc, ou du moins mettre entre parenthèses certaines choses le temps de les faire avancer correctement.

Je veux des Songes qu'ils soient complexes ; mes Jeux d'Alexandrins vont en configurer une sorte de préface, mais pour coller au thème je vais devoir assombrir le tableau et peut être laisser l'insouciance des enfants fort fort lointain.

Le problème de taille qui se pose va être : dois-je continuer la forme en vers, et la forme du théâtre surtout ? Il va falloir jouer énormément avec les didascalies, certaines scènes pouvant ne pas contenir de paroles.

D'où d'autres interrogations : est-ce que je veux faire jouer cette pièce ? Si je veux la faire jouer je dois réussir à capter l'attention du spectateur jusqu'à la fin du spectacle, donc peut-être éviter les longueurs que pourraient causer des scènes sans dialogue.

Je me tâte, je me tâte.

Ce serait stylé qu'on la joue, ta pièce ^^

Comment veux tu faire des scènes sans dialogue dans un genre qui est constitué de dialogues ? Le théâtre est tout dans la parole et les gestes des acteurs, qui sont définis par les acteurs eux mêmes et le metteur en scène. L'auteur écrit juste les paroles et donne le contexte et quelques vagues mouvements.

Je ne sais pas si Thomas, le connaissant, laissera un metteur en scène décider d'une si grande partie de son travail

Pommier a écrit:Ce serait stylé qu'on la joue, ta pièce ^^

Comment veux tu faire des scènes sans dialogue dans un genre qui est constitué de dialogues ? Le théâtre est tout dans la parole et les gestes des acteurs, qui sont définis par les acteurs eux mêmes et le metteur en scène.

https://www.youtube.com/watch?v=ZmlkmVoPuQA

Quand je vois ça en fait, je me dis que le théâtre n'est quelque chose d'absolument pas limité dans sa forme, et je pense qu'il est possible de créer des sensations sans paroles, mais il faudra trouver des parades (musique, entre autre).

Ce n'est pas du théâtre, du moins pas au sens occidental du terme (ou pour moi en tout cas ^^). C'est un spectacle, ou une sorte de théâtre oriental. Et avec de la musique ça me semble être plus un opéra du coup.

Pour toutes les pièces que j'ai vues, les mouvements des acteurs étaient certes importants, mais ils relevaient davantage de leur personnalité et de celle du metteur en scène. Que l'auteur scripte tout retire une partie de ce qui fait le théâtre : l'originalité, la fluidité, comment dire, la souplesse, l'innovation, le fait que la pièce peut être différente suivant qui la met en scène et la joue. Si tout est scripté dès le départ, quel que soit l'acteur, tu verras toujours en gros la même chose non ? Il faut laisser plus de liberté.