Une vie [titre provisoire]
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Une vie [titre provisoire]
UNE VIE
« Qu'est-ce que c'est ?
- On dirait un saule.
- Où sont les feuilles ?
- Il doit être mort.
- Finis les pleurs.
« Qu'est-ce que c'est ?
- On dirait un saule.
- Où sont les feuilles ?
- Il doit être mort.
- Finis les pleurs.
En attendant Godot,
Samuel Beckett.
Samuel Beckett.
**
A l'attention du lecteur
A l'attention du lecteur
Je ne crois ni en l'homme ni en Dieu. Je ne crois en rien, si ce n'est au pouvoir des mots, du discours, de la littérature, de changer les choses qui nous entourent, l'ordre du monde ainsi que nous-mêmes en notre fort intérieur. Si néanmoins vous vous entêtez à me demander en quoi je crois, si ma préférence se porte sur le passé ou le progrès, je crois bien être dans la mesure de repousser ces deux propositions ; je crois en la vie, et, surtout, en ce que les mots peuvent en faire, en leur pouvoir représentatif, mais, avant tout, aux tropes (τρόπος).
Cette trame, qui va se dérouler devant vous, elle est tout, dans cette pièce. Cependant, elle est en même temps futile et inexistante. Voyez-vous, il n'y a rien à comprendre. Seule la pièce serait intéressante ici. Mais le problème reste le même. Pour ceux qui penseraient avoir compris les lignes qui vont suivre, vous n'aurez rien saisi. En fait, je pense qu'il est judicieux de vous dire d'or-et-déjà qu'il ne faut pas chercher à en découvrir le sens ; cette pièce, c'est une vie. Imaginée. Fictive. Ou réelle. Peut importe. Elle n'a pas à être enviée. Encore moins comprise — prétende l'avoir entendu serait d'une hérésie ; si vous croyez y voir quelque chose, travaillez à vous en dissuader, détournez-en votre esprit, car là où fuit cette pièce, personne ne pourra vous en ramener. Tâchez donc — œuvrez-y si possible — à ne point vous égarer sur les voies mortifères de la vie, qui, à la lecture de ce qui suit, pourraient bien vous tenter. Prenez conscience que la vie, bien que cadeau naturel, se trouve être le repères de terribles êtres chimériques qui — bien souvent, il nous faut l'avouer, — nous perdent quand on les poursuit sur ces flots méditerranéens.
Surveillez donc les mots, cachez vos yeux et, surtout, ne quittez pas votre corps…
Cette trame, qui va se dérouler devant vous, elle est tout, dans cette pièce. Cependant, elle est en même temps futile et inexistante. Voyez-vous, il n'y a rien à comprendre. Seule la pièce serait intéressante ici. Mais le problème reste le même. Pour ceux qui penseraient avoir compris les lignes qui vont suivre, vous n'aurez rien saisi. En fait, je pense qu'il est judicieux de vous dire d'or-et-déjà qu'il ne faut pas chercher à en découvrir le sens ; cette pièce, c'est une vie. Imaginée. Fictive. Ou réelle. Peut importe. Elle n'a pas à être enviée. Encore moins comprise — prétende l'avoir entendu serait d'une hérésie ; si vous croyez y voir quelque chose, travaillez à vous en dissuader, détournez-en votre esprit, car là où fuit cette pièce, personne ne pourra vous en ramener. Tâchez donc — œuvrez-y si possible — à ne point vous égarer sur les voies mortifères de la vie, qui, à la lecture de ce qui suit, pourraient bien vous tenter. Prenez conscience que la vie, bien que cadeau naturel, se trouve être le repères de terribles êtres chimériques qui — bien souvent, il nous faut l'avouer, — nous perdent quand on les poursuit sur ces flots méditerranéens.
Surveillez donc les mots, cachez vos yeux et, surtout, ne quittez pas votre corps…
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PROLOGUE
**
« On meurt le même jour que l'on commence à naître,
On s'oblige au naufrage, entrant en ce bateau.
Naître et mourir n'est qu'un, l'être n'est qu'un non-être.
Il n'y a qu'un soupir de la table au tombeau. »
Pierre Matthieu.
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Le Prologue, seul
PROLOGUE
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« On meurt le même jour que l'on commence à naître,
On s'oblige au naufrage, entrant en ce bateau.
Naître et mourir n'est qu'un, l'être n'est qu'un non-être.
Il n'y a qu'un soupir de la table au tombeau. »
Pierre Matthieu.
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Le Prologue, seul
Une rue.
Tombée de la nuit. Pas d'éclairage.
Les lumières sont allumées dans les bâtiments annexes, elles s'éteindront au fur et à mesure que parlera le prologue. Peu à peu les lampadaires s'allument, mais leurs lumières sont encore faibles.
Au fond de la scène apparaît une ombre. Elle ne doit pas être détaillée. Grossière. L'allure spectrale s'avance au fur et à mesure, contournant plus ou moins les plans d'éclairage. Arrivé sur le devant de la scène, il est surpris par le dernier lampadaire, éteint, qui s'allume d'un coup. Voici un homme grisonnant de faillons vêtu, s'appuyant sur un vieux bâton. Il s'avance encore un peu, s'adosse au lampadaire ; c'est le Prologue.
Tout cela dans un silence religieux.
LE PROLOGUE, au bout d'un moment, coupant un silence dérangeant. — Que dire ? (Un temps.) Bonne question. (Silence.) Pourquoi es-tu venu, d'abord. On ne t'as rien demandé. A toi. Mais il faut bien que tu sortes un peu de chez toi, histoire de ne pas t'ennuyer. Alors tu es venu. (Silence. Il se redresse et fais quelques pas sur la gauche, de profit par rapport au public.) Ah ! J'y suis… peut-être. (Un temps. Il se retourne face au public) Le titre vous a intrigué ? Ma foi, il n'est pas si étonnant que ça, en fin de compte. Tu le verras par toi-même, après tout. Ce n'est pas là mon rôle… enfin, je crois pas. (Sur la droite, à un toit, une lumière s'allume. Une ombre s'y dessine, puis s'évapore aussi vite qu'elle est apparut. Se retournant, le Prologue l'aperçoit et est pris d'un fou rire. Au bout d'un moment, il se redresse d'un coup, se donne une claque. Puis il attend un moment. La lumière s'éteint.) C'est lui. (Un temps.) Qui c'est ? Je vais te le dire. (Un temps.) Je ne sais plus. (Un temps.) J'ai oublié les mots. (Il fait les cent pas. Puis dans un murmure:) Peut-être devrai-je commencer par des mots simples, des mots simples que je connais… Oui c'est ça. (Plus fort.) C'est un insouciant. Puéril, qu'on peut ajouter. Il est abject en soi. (Un temps, pause méditative. Il est pris d'un rire soudain. Même jeu. Puis avec assurance:) Si tu veux en croire mes mots, nous aurons un splendide spectacle, lorsque sa bulle — ahah ! Sa bulle — lorsque sa bulle éclatera. (Il éclate à nouveau de rire. Rire Antipathique et cruel.) Ou quand son cœur explosera. (Rires plus puissants. Même jeu. A lui même:) Saleté de rire, ne veux-tu pas te taire ? Je perds ma crédibilité. Non. Je perds ma lucidité. Ahah ! C'est le mot. (Au public à nouveau:) Ne m'en veux pas, je suis comme ça. J'y peux rien. (Un temps.) Oui c'est ça. J'ai trouvé le mot. Le mot. Le mot. (Un temps.) Heureux. Ce doit-être cela. Le mot. (Un temps.) A-t-il du sens ? J'en doute. Pour toi peut-être. Pour moi… (Un temps. Il réfléchit. Puis en accéléré Excuse-moi d'être d'un franc parlé aussi percutant et radical comme le témoignera à ma place les mots qui vont suivre, — et je n'y peux rien, je te le jure, — mais il faut toujours dire ce qu'il est et être véridique avec les bonnes personnes — même si je doute sincèrement que tu sois une personne agréable tout les jours et très humble et très charitable et très… française en fait — donc, pour tout te dire, je n'aime pas les concepts. (Il halète.) Quel effort ! (Un temps. Il respire. Lentement.) Je n'y crois pas. Aux concepts je veux dire. Trop abstraits. Pas assez concrets. Pas assez imagés pour être compris. Une trop grande part de subjectivité doit-être prise en compte, et ces jugements sont mauvais. (Un temps.) Hérétiques. Tu ne m'en veux pas j'espère ? Très bien ! Moi si. (Un temps.) Enfin, pas moi personnellement. (Un temps.) Tu le verras. Patiente, c'est tout ce que tu as à faire. Ouvre tes yeux et tes oreilles. Voilà. C'est tout. Simple, isn't it ? (Accéléré.) Mais passons car le temps s'écoule et qu'un temps qui s'écoule ne se rattrape pas — loin-de-là, il file très vite et vous échappe — donc reprenons le fil de ma pensée. Où en étais-je où en étais-je où en étais-je ? (Un temps. Quinte de toux.) Disons qu'il est heureux — moche mot. Heureux. Heureux… (Il médite. Eclate de rire. Même jeu.) Bref ! Reprenons. Pourquoi est-il comme ça ? (Un temps.) Bonne question. (Un temps.) Non. Je ne peux pas. Réglons notre affaire au plus vite, et tant pis si je te fais perdre votre temps. (Il retourne auprès du lampadaire et s'y adosse à nouveau.) Pourquoi heureux ? Je veux dire… qu'est-ce que ça veut dire ? Tu le sais ? Non. Moi non plus en fait. Est-ce rire ? Être bien dans sa peau ? Être intégré socialement ou avoir de l'argent ? Avoir une famille ? Tuer ses voisins ? Voler l'Etat ? (Un temps.) Je t'ai donné assez d'exemples ? Je crois aussi. (Un temps.) Tu comprends pourquoi j'aime pas les concepts ? Je l'ai dis, déjà. Trop d'abstrait. Et de subjectif. Je sais. (Un temps.) Peut-être toi et moi n'avons pas du tout la même conception des choses… voyons-nous la même chose d'ailleurs ? (Un temps.) Et si je te disais… soleil. Aurore. Boule de feu ? Le matin, tôt ? Couleurs jaunes-oranges dans le ciel. Un ciel plus clair à l'Est. (Un temps.) Oui. Nous devons être d'un commun accord là-dessus. (Un temps.) Et si on te disait quelque chose comme : « Lorsque se leva l'Aurore aux doigts de rose ». C'est la même chose non ? Homère te prendrait-il pour un con en te disant cela ? Sûrement. En fait. Peut-être parce que tu l'es. (Un temps.) Trop haute estime de toi-même. Je sais. (Un temps.) Quoi qu'il en soit, n'est-ce pas plus joli ? Ca chante aux oreilles, ça résonne dans le corps, ça tonne dans le cœur. Ca renverse l'esprit. (Un temps.) C'est une image. Une très belle image. (Un temps.) Et pourtant. Et pourtant… (Un temps. Il se redresse, va au bout de la scène.) Qu'est-ce que cette phrase ? Métaphore filée. Mais encore ? Personnification. Est-ce tout ? Tu ne sais pas. Je vais te le dire : un concept. Enfin. (Gesticulations des bras.) Nuançons. C'est une succession de concepts. (Un temps. Accéléré.) Et oui. Le concept est tout dans l'image. Et pourtant il n'est rien. Vous lisez, c'est une image. Mais cette image, c'est le concept qui l'invoque, ou qui la suggère, et qui la suggère. Le concept est l'image. Mais l'image te fait oublier le concept. Le concept n'est pas l'image. Il est tout et il n'est rien. Tout comme l'image n'est rien sans le concept, mais elle devient tout quand elle te le fait oublier. (Un temps.) Logique. Simple. N'est-ce pas ? (Un temps.) Faut pas être sorcier pour comprendre. (Silence. Il fait les cent pas. S'arrête au lampadaire. S'adosse. Se redresse. Revient vers le public.) Je ne sais pas pourquoi je te dis tout cela. Ce n'est pas mon rôle. Permets-moi que je reprennes le discours pour lequel je suis venu ici. A la base. (Un temps.) Admettons-donc qu'il est heureux. Celui qu'on a vu. Maxime — qu'il s'appelle. Nous nous mettrons d'accord plus tard pour définir ce concept, veux-tu ? Admettons le sens général, on va dire qu'il est… qu'il est… (Un temps.) Et puis flûte. Laisses tomber. (Un temps.) Pourquoi est-il comme ça ? (Un temps.) Bonne question. (Un temps. Fait mine de réfléchir.) A cause de cette fille. Sûrement. Lors… L'or. Non. (A lui-même:) C'est quoi son nom déjà ? Ah oui ! (Plus haut.) Laure. (Un temps.) Laure… (Un temps. Il réfléchit.) Très joli nom. (Un temps.) D'un an son aîné. Leur rencontre ? Un pur hasard. Concours de circonstances ? Peut-être. Je ne suis pas adepte de ces choses-là. Je crois plutôt au destin. Oui. Les olympiens se jouent bien de nous. Là-haut. Enfin. Parfois ils viennent eux-même engrosser nos femmes, vous comprenez. Ca les fait rire. Bien rire. (Un temps.) Terminale. Lui première. Tous deux littéraires. (Accéléré.) Platonique série où seul quelques scientifiques refoulés, des glandeurs et des simples d'esprits se réfugient pour se sentir moins seuls et moins cons au milieu de la multitude désorganisée d'un ordre social qui les marginalise mais ça ils l'avaient compris et se marginalisaient eux-mêmes en fin de compte mais on s'en fou et je m'en fiche et toi aussi donc passons rapidement parce que j'aimerai éviter d'invoquer le cas des linguistes un peu abrutis par la langue étrangère-non-française-et-moins-belle qui y entrent et qui ont tendance à déloger les littéraires de souche qui forment en réalité la réelle minorité au sein même de la série dite littéraire alors qu'elle ne l'est plus depuis bien longtemps mais cela n'engage que moi vois-tu mais passons passons passons. (Essoufflé, il inspire et expire lentement. Et reprend:) Un coup de chance donc. Un hasard. Un concours de circonstances. Plus le destin pour moi. Bref. C'est grâce à son idée bien à lui d'organiser ce café littéraire. Qui avait faillit ne pas être. Ce Céline leur avait quelque peu compliqué la vie : démarches administratives. Paperasses. Arguments. Contre-arguments. Recherches. Désinformations. Abrutissement de masse. Publicité de masse. Plusieurs fois il avait baissé les bras. Avec son ami. Un scientifique historien lui. Mais on s'en fou pour le moment. L'important, c'est que ce soit cet événement qui les a plus ou moins rapprochés. (Un temps.) Oui. C'est l'important. (Il soupire. Nostalgiquement.) Voilà. C'est comme ça, qu'il se sont rencontrés. A posteriori. Après cela. Après cela… ils se sont vus de temps en temps. Dans leur lycée. Pour parler. Un peu. Puis… (Un temps.) Tout s'est accéléré. (Silence. Il médite.) Un processus s'est activé. Peut-être était-il déjà en marche. Qu'il a accrut. Qu'il a augmenté. Il a fait ficelle, et les a tiré leurs cordes. Simples marionnettes du destin. Il les a brusqué. Ou alors il a brusqué ce qui les entourait. Non. Ce qu'il y avait en eux. Quoi ? Je ne sais pas vraiment. Je m'en fiche. Il a fait diligence, et tout s'est hâté, précipité. (Un temps.) C'est devenu sérieux ? Ou cela s'est ralenti. Ces choses se sont lambinées en leur for intérieur avant de surgir avec empressement. Sauf que le temps avait filé. (Silence.) Il est cruel ce temps. (Un temps.) Laure. Maxime. Laure… Maxime… (D'un ton insipide:) Ils n'avaient que dix-sept ans — bon, elle allait avoir ses dix-huit ans, mais qu'importe. Elle, trop rêveuse pour quitter son nuage. Trop heureuse ? J'aime pas ce mot. Lui. Lui… il ne valait pas mieux qu'elle. (D'un ton rêveur:) Quels fascinants spécimens… (Silence.) Cet imbécile fini reste le plus intéressant des deux. Tout de même. (Un temps.) Il croit côtoyer le bonheur — comme nous l'avons vu, ce mot nous reste indéfini ; il en est de même pour lui : il ne sait ce qu'il coudoie réellement… qu'importe finalement ce que c'est, l'essentiel est qu'une force nouvelle est entré en lui. Aiguillonné par cette impulsion soudaine de la vie, de ses godiches mains il construit la maison de sa joie. (Eclat soudain de sa voix, comme s'il était scandalisé Anophtalme créature ! Amorosé par ce qui t'a envahi le cœur ! N'a-t-il pas vu qu'il ne construisait qu'avec de la paille ? (Il pousse un long soupire.) Quel insouciant. Il n'a rien vu. Rien deviné. (Un temps.) Il ne se doute de rien. (Accéléré.) Comment pouvoir se douter de quelque chose quand on est soi-même aveuglé par une cécité inhabituelle qu'a provoqué un obscur sentiment qui occulte et qui fanatise et qui n'a pour autant d'existence qu'un concept abstrait avec un sens abscons et hermétique et absent de suprasensibilité et métaphysique et non-figuratif bien répugnant car on ne peut le définir clairement sans pour autant réussir à en trouver une définition précise et qui le plus souvent nous perd ou nous fait entrer en conflit avec nous-même comme nous l'avons-vu avec ce mot heureux qu'on n'a toujours pas défini mais là n'est pas la question tout en étant là car elle s'est déplacé sur cet abject mot avili sans sens que dis-je qui a trop de sens beaucoup trop de sens mais ça vous vous en fichez mais ce n'est pas grave mais pour lui et pour d'autres si parce que ce mot a le pouvoir le plus mortifier qui soit car ce mot est amour. (Essoufflé par sa tirade, il récupère par bouffée son aspiration.) Incompréhensible. Pour le moment. Vois-tu, mon rôle n'est pas non plus d'être écouté par toi. En fait, il y a autre chose. (Un temps.) Je dois t'amener à lire. Pas à lire la pièce. Non. A lire le destin. A lire l'existence. A lire le réel de la naïveté-extrasensible-hyperémotif-supranaturelle. Tu comprendras cela plus tard. Je dois t'éduquer. Pour le moment. Je m'y résigne, du moins. (Un temps.) Parenthèse fermée. Pour le moment. (Un temps. Il lève son visage vers les lueurs célestes du ciel nocturne.) Je disais… Oui. Ca me revient. (Un temps. Se retourne à nouveau vers le public.) Il ne se doute pas, oui, que, comme le bonheur en fin de compte, que déjà elle s'enfuit, la jeune Laure. Triste à dire. Mais il faut le dire. Pas pour toi. Pas pour moi. Pas pour lui. Il faut le dire. C'est tout. (Un temps.) Il ne pressent rien. Il tergiverse dans sa prise de conscience. Ou alors il est bel est bien aveugle. Il atermoie tout cela. Quoi qu'il en soit, il ne remarque pas que s'évanouit sous son toucher sa découverte. Ce aussi vite qu'elle lui est apparut. Il n'entends pas se lever les azimuts. Sa maison va être emporté, et il n'aura rien prévu. Rien. Il sera désemparé. C'est le mot. Le mot. (Un temps.) Désemparé. Bon mot… (Un temps.) Quand sa maison sera emportée… (Silence. Il éclate de rire. Il se reprend d'une gifle.) Tu sais quoi ? (A lui-même.) Non tu sais pas. (Plus haut:) Je suis prêt à miser mes loques sur le fait qu'il ne restera bientôt que des restes désolés, des vestiges méconnaissables de cette chétive bâtisse ! (Un temps.) Je rectifie : il n'en restera rien, en fin de compte. Pas de vestiges. Pas de ruines. Rien ne survivra suite à ce cataclysme. (Un temps. Puis d'une voix éloquente il cicérone:) De la florissante Pompée il en subsistait des trésors parmi les ruines fumantes et engloutie par la suie, de ce jeune romantique naîtra un cadavre pourrissant. (Il se tait. Se retourne, et s'éloigne le long de la rue. Pendant son discours, la lune est descendue peu à peu, le jour ne devrait tarder à arriver. Avant de disparaître par le fond de la scène, il se retourne, lentement. Garde le silence. Fait mine de repartir, mais reste sur scène. Se retourne à nouveau vers le public.) Madame et monsieur, observes les réjouissances qu'a procuré cette vie à Dionysos.
Tombée de la nuit. Pas d'éclairage.
Les lumières sont allumées dans les bâtiments annexes, elles s'éteindront au fur et à mesure que parlera le prologue. Peu à peu les lampadaires s'allument, mais leurs lumières sont encore faibles.
Au fond de la scène apparaît une ombre. Elle ne doit pas être détaillée. Grossière. L'allure spectrale s'avance au fur et à mesure, contournant plus ou moins les plans d'éclairage. Arrivé sur le devant de la scène, il est surpris par le dernier lampadaire, éteint, qui s'allume d'un coup. Voici un homme grisonnant de faillons vêtu, s'appuyant sur un vieux bâton. Il s'avance encore un peu, s'adosse au lampadaire ; c'est le Prologue.
Tout cela dans un silence religieux.
LE PROLOGUE, au bout d'un moment, coupant un silence dérangeant. — Que dire ? (Un temps.) Bonne question. (Silence.) Pourquoi es-tu venu, d'abord. On ne t'as rien demandé. A toi. Mais il faut bien que tu sortes un peu de chez toi, histoire de ne pas t'ennuyer. Alors tu es venu. (Silence. Il se redresse et fais quelques pas sur la gauche, de profit par rapport au public.) Ah ! J'y suis… peut-être. (Un temps. Il se retourne face au public) Le titre vous a intrigué ? Ma foi, il n'est pas si étonnant que ça, en fin de compte. Tu le verras par toi-même, après tout. Ce n'est pas là mon rôle… enfin, je crois pas. (Sur la droite, à un toit, une lumière s'allume. Une ombre s'y dessine, puis s'évapore aussi vite qu'elle est apparut. Se retournant, le Prologue l'aperçoit et est pris d'un fou rire. Au bout d'un moment, il se redresse d'un coup, se donne une claque. Puis il attend un moment. La lumière s'éteint.) C'est lui. (Un temps.) Qui c'est ? Je vais te le dire. (Un temps.) Je ne sais plus. (Un temps.) J'ai oublié les mots. (Il fait les cent pas. Puis dans un murmure:) Peut-être devrai-je commencer par des mots simples, des mots simples que je connais… Oui c'est ça. (Plus fort.) C'est un insouciant. Puéril, qu'on peut ajouter. Il est abject en soi. (Un temps, pause méditative. Il est pris d'un rire soudain. Même jeu. Puis avec assurance:) Si tu veux en croire mes mots, nous aurons un splendide spectacle, lorsque sa bulle — ahah ! Sa bulle — lorsque sa bulle éclatera. (Il éclate à nouveau de rire. Rire Antipathique et cruel.) Ou quand son cœur explosera. (Rires plus puissants. Même jeu. A lui même:) Saleté de rire, ne veux-tu pas te taire ? Je perds ma crédibilité. Non. Je perds ma lucidité. Ahah ! C'est le mot. (Au public à nouveau:) Ne m'en veux pas, je suis comme ça. J'y peux rien. (Un temps.) Oui c'est ça. J'ai trouvé le mot. Le mot. Le mot. (Un temps.) Heureux. Ce doit-être cela. Le mot. (Un temps.) A-t-il du sens ? J'en doute. Pour toi peut-être. Pour moi… (Un temps. Il réfléchit. Puis en accéléré Excuse-moi d'être d'un franc parlé aussi percutant et radical comme le témoignera à ma place les mots qui vont suivre, — et je n'y peux rien, je te le jure, — mais il faut toujours dire ce qu'il est et être véridique avec les bonnes personnes — même si je doute sincèrement que tu sois une personne agréable tout les jours et très humble et très charitable et très… française en fait — donc, pour tout te dire, je n'aime pas les concepts. (Il halète.) Quel effort ! (Un temps. Il respire. Lentement.) Je n'y crois pas. Aux concepts je veux dire. Trop abstraits. Pas assez concrets. Pas assez imagés pour être compris. Une trop grande part de subjectivité doit-être prise en compte, et ces jugements sont mauvais. (Un temps.) Hérétiques. Tu ne m'en veux pas j'espère ? Très bien ! Moi si. (Un temps.) Enfin, pas moi personnellement. (Un temps.) Tu le verras. Patiente, c'est tout ce que tu as à faire. Ouvre tes yeux et tes oreilles. Voilà. C'est tout. Simple, isn't it ? (Accéléré.) Mais passons car le temps s'écoule et qu'un temps qui s'écoule ne se rattrape pas — loin-de-là, il file très vite et vous échappe — donc reprenons le fil de ma pensée. Où en étais-je où en étais-je où en étais-je ? (Un temps. Quinte de toux.) Disons qu'il est heureux — moche mot. Heureux. Heureux… (Il médite. Eclate de rire. Même jeu.) Bref ! Reprenons. Pourquoi est-il comme ça ? (Un temps.) Bonne question. (Un temps.) Non. Je ne peux pas. Réglons notre affaire au plus vite, et tant pis si je te fais perdre votre temps. (Il retourne auprès du lampadaire et s'y adosse à nouveau.) Pourquoi heureux ? Je veux dire… qu'est-ce que ça veut dire ? Tu le sais ? Non. Moi non plus en fait. Est-ce rire ? Être bien dans sa peau ? Être intégré socialement ou avoir de l'argent ? Avoir une famille ? Tuer ses voisins ? Voler l'Etat ? (Un temps.) Je t'ai donné assez d'exemples ? Je crois aussi. (Un temps.) Tu comprends pourquoi j'aime pas les concepts ? Je l'ai dis, déjà. Trop d'abstrait. Et de subjectif. Je sais. (Un temps.) Peut-être toi et moi n'avons pas du tout la même conception des choses… voyons-nous la même chose d'ailleurs ? (Un temps.) Et si je te disais… soleil. Aurore. Boule de feu ? Le matin, tôt ? Couleurs jaunes-oranges dans le ciel. Un ciel plus clair à l'Est. (Un temps.) Oui. Nous devons être d'un commun accord là-dessus. (Un temps.) Et si on te disait quelque chose comme : « Lorsque se leva l'Aurore aux doigts de rose ». C'est la même chose non ? Homère te prendrait-il pour un con en te disant cela ? Sûrement. En fait. Peut-être parce que tu l'es. (Un temps.) Trop haute estime de toi-même. Je sais. (Un temps.) Quoi qu'il en soit, n'est-ce pas plus joli ? Ca chante aux oreilles, ça résonne dans le corps, ça tonne dans le cœur. Ca renverse l'esprit. (Un temps.) C'est une image. Une très belle image. (Un temps.) Et pourtant. Et pourtant… (Un temps. Il se redresse, va au bout de la scène.) Qu'est-ce que cette phrase ? Métaphore filée. Mais encore ? Personnification. Est-ce tout ? Tu ne sais pas. Je vais te le dire : un concept. Enfin. (Gesticulations des bras.) Nuançons. C'est une succession de concepts. (Un temps. Accéléré.) Et oui. Le concept est tout dans l'image. Et pourtant il n'est rien. Vous lisez, c'est une image. Mais cette image, c'est le concept qui l'invoque, ou qui la suggère, et qui la suggère. Le concept est l'image. Mais l'image te fait oublier le concept. Le concept n'est pas l'image. Il est tout et il n'est rien. Tout comme l'image n'est rien sans le concept, mais elle devient tout quand elle te le fait oublier. (Un temps.) Logique. Simple. N'est-ce pas ? (Un temps.) Faut pas être sorcier pour comprendre. (Silence. Il fait les cent pas. S'arrête au lampadaire. S'adosse. Se redresse. Revient vers le public.) Je ne sais pas pourquoi je te dis tout cela. Ce n'est pas mon rôle. Permets-moi que je reprennes le discours pour lequel je suis venu ici. A la base. (Un temps.) Admettons-donc qu'il est heureux. Celui qu'on a vu. Maxime — qu'il s'appelle. Nous nous mettrons d'accord plus tard pour définir ce concept, veux-tu ? Admettons le sens général, on va dire qu'il est… qu'il est… (Un temps.) Et puis flûte. Laisses tomber. (Un temps.) Pourquoi est-il comme ça ? (Un temps.) Bonne question. (Un temps. Fait mine de réfléchir.) A cause de cette fille. Sûrement. Lors… L'or. Non. (A lui-même:) C'est quoi son nom déjà ? Ah oui ! (Plus haut.) Laure. (Un temps.) Laure… (Un temps. Il réfléchit.) Très joli nom. (Un temps.) D'un an son aîné. Leur rencontre ? Un pur hasard. Concours de circonstances ? Peut-être. Je ne suis pas adepte de ces choses-là. Je crois plutôt au destin. Oui. Les olympiens se jouent bien de nous. Là-haut. Enfin. Parfois ils viennent eux-même engrosser nos femmes, vous comprenez. Ca les fait rire. Bien rire. (Un temps.) Terminale. Lui première. Tous deux littéraires. (Accéléré.) Platonique série où seul quelques scientifiques refoulés, des glandeurs et des simples d'esprits se réfugient pour se sentir moins seuls et moins cons au milieu de la multitude désorganisée d'un ordre social qui les marginalise mais ça ils l'avaient compris et se marginalisaient eux-mêmes en fin de compte mais on s'en fou et je m'en fiche et toi aussi donc passons rapidement parce que j'aimerai éviter d'invoquer le cas des linguistes un peu abrutis par la langue étrangère-non-française-et-moins-belle qui y entrent et qui ont tendance à déloger les littéraires de souche qui forment en réalité la réelle minorité au sein même de la série dite littéraire alors qu'elle ne l'est plus depuis bien longtemps mais cela n'engage que moi vois-tu mais passons passons passons. (Essoufflé, il inspire et expire lentement. Et reprend:) Un coup de chance donc. Un hasard. Un concours de circonstances. Plus le destin pour moi. Bref. C'est grâce à son idée bien à lui d'organiser ce café littéraire. Qui avait faillit ne pas être. Ce Céline leur avait quelque peu compliqué la vie : démarches administratives. Paperasses. Arguments. Contre-arguments. Recherches. Désinformations. Abrutissement de masse. Publicité de masse. Plusieurs fois il avait baissé les bras. Avec son ami. Un scientifique historien lui. Mais on s'en fou pour le moment. L'important, c'est que ce soit cet événement qui les a plus ou moins rapprochés. (Un temps.) Oui. C'est l'important. (Il soupire. Nostalgiquement.) Voilà. C'est comme ça, qu'il se sont rencontrés. A posteriori. Après cela. Après cela… ils se sont vus de temps en temps. Dans leur lycée. Pour parler. Un peu. Puis… (Un temps.) Tout s'est accéléré. (Silence. Il médite.) Un processus s'est activé. Peut-être était-il déjà en marche. Qu'il a accrut. Qu'il a augmenté. Il a fait ficelle, et les a tiré leurs cordes. Simples marionnettes du destin. Il les a brusqué. Ou alors il a brusqué ce qui les entourait. Non. Ce qu'il y avait en eux. Quoi ? Je ne sais pas vraiment. Je m'en fiche. Il a fait diligence, et tout s'est hâté, précipité. (Un temps.) C'est devenu sérieux ? Ou cela s'est ralenti. Ces choses se sont lambinées en leur for intérieur avant de surgir avec empressement. Sauf que le temps avait filé. (Silence.) Il est cruel ce temps. (Un temps.) Laure. Maxime. Laure… Maxime… (D'un ton insipide:) Ils n'avaient que dix-sept ans — bon, elle allait avoir ses dix-huit ans, mais qu'importe. Elle, trop rêveuse pour quitter son nuage. Trop heureuse ? J'aime pas ce mot. Lui. Lui… il ne valait pas mieux qu'elle. (D'un ton rêveur:) Quels fascinants spécimens… (Silence.) Cet imbécile fini reste le plus intéressant des deux. Tout de même. (Un temps.) Il croit côtoyer le bonheur — comme nous l'avons vu, ce mot nous reste indéfini ; il en est de même pour lui : il ne sait ce qu'il coudoie réellement… qu'importe finalement ce que c'est, l'essentiel est qu'une force nouvelle est entré en lui. Aiguillonné par cette impulsion soudaine de la vie, de ses godiches mains il construit la maison de sa joie. (Eclat soudain de sa voix, comme s'il était scandalisé Anophtalme créature ! Amorosé par ce qui t'a envahi le cœur ! N'a-t-il pas vu qu'il ne construisait qu'avec de la paille ? (Il pousse un long soupire.) Quel insouciant. Il n'a rien vu. Rien deviné. (Un temps.) Il ne se doute de rien. (Accéléré.) Comment pouvoir se douter de quelque chose quand on est soi-même aveuglé par une cécité inhabituelle qu'a provoqué un obscur sentiment qui occulte et qui fanatise et qui n'a pour autant d'existence qu'un concept abstrait avec un sens abscons et hermétique et absent de suprasensibilité et métaphysique et non-figuratif bien répugnant car on ne peut le définir clairement sans pour autant réussir à en trouver une définition précise et qui le plus souvent nous perd ou nous fait entrer en conflit avec nous-même comme nous l'avons-vu avec ce mot heureux qu'on n'a toujours pas défini mais là n'est pas la question tout en étant là car elle s'est déplacé sur cet abject mot avili sans sens que dis-je qui a trop de sens beaucoup trop de sens mais ça vous vous en fichez mais ce n'est pas grave mais pour lui et pour d'autres si parce que ce mot a le pouvoir le plus mortifier qui soit car ce mot est amour. (Essoufflé par sa tirade, il récupère par bouffée son aspiration.) Incompréhensible. Pour le moment. Vois-tu, mon rôle n'est pas non plus d'être écouté par toi. En fait, il y a autre chose. (Un temps.) Je dois t'amener à lire. Pas à lire la pièce. Non. A lire le destin. A lire l'existence. A lire le réel de la naïveté-extrasensible-hyperémotif-supranaturelle. Tu comprendras cela plus tard. Je dois t'éduquer. Pour le moment. Je m'y résigne, du moins. (Un temps.) Parenthèse fermée. Pour le moment. (Un temps. Il lève son visage vers les lueurs célestes du ciel nocturne.) Je disais… Oui. Ca me revient. (Un temps. Se retourne à nouveau vers le public.) Il ne se doute pas, oui, que, comme le bonheur en fin de compte, que déjà elle s'enfuit, la jeune Laure. Triste à dire. Mais il faut le dire. Pas pour toi. Pas pour moi. Pas pour lui. Il faut le dire. C'est tout. (Un temps.) Il ne pressent rien. Il tergiverse dans sa prise de conscience. Ou alors il est bel est bien aveugle. Il atermoie tout cela. Quoi qu'il en soit, il ne remarque pas que s'évanouit sous son toucher sa découverte. Ce aussi vite qu'elle lui est apparut. Il n'entends pas se lever les azimuts. Sa maison va être emporté, et il n'aura rien prévu. Rien. Il sera désemparé. C'est le mot. Le mot. (Un temps.) Désemparé. Bon mot… (Un temps.) Quand sa maison sera emportée… (Silence. Il éclate de rire. Il se reprend d'une gifle.) Tu sais quoi ? (A lui-même.) Non tu sais pas. (Plus haut:) Je suis prêt à miser mes loques sur le fait qu'il ne restera bientôt que des restes désolés, des vestiges méconnaissables de cette chétive bâtisse ! (Un temps.) Je rectifie : il n'en restera rien, en fin de compte. Pas de vestiges. Pas de ruines. Rien ne survivra suite à ce cataclysme. (Un temps. Puis d'une voix éloquente il cicérone:) De la florissante Pompée il en subsistait des trésors parmi les ruines fumantes et engloutie par la suie, de ce jeune romantique naîtra un cadavre pourrissant. (Il se tait. Se retourne, et s'éloigne le long de la rue. Pendant son discours, la lune est descendue peu à peu, le jour ne devrait tarder à arriver. Avant de disparaître par le fond de la scène, il se retourne, lentement. Garde le silence. Fait mine de repartir, mais reste sur scène. Se retourne à nouveau vers le public.) Madame et monsieur, observes les réjouissances qu'a procuré cette vie à Dionysos.
Rideau.
Siegfried- Messages : 26
Date d'inscription : 06/07/2013
Re: Une vie [titre provisoire]
J'aime bien les smileys au milieu \o/
Tcheap- SalviaDivinorum
- Messages : 170
Date d'inscription : 24/06/2013
Re: Une vie [titre provisoire]
Moi j'ai tout lu, et c'était classe ;o
Thomas- Equilibriste
- Messages : 321
Date d'inscription : 23/06/2013
Re: Une vie [titre provisoire]
A la base c'est bel et bien d'un tenant histoire de bien écœurer le lecteur (oui, mon côté sadique… c'est pour rebuter les critiques littéraires [ceux de métiers que je ne supporte pas vraiment]). A la limite je peux augmenter la police. Qu'en dites-vous ?
Siegfried- Messages : 26
Date d'inscription : 06/07/2013
Vibre :: REFONTE :: ¿ VoS ProJeTs ?
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